Tàn xó [Mémoire en prose], Fondation H, 2024.
« L’exposition Tàn xó [Mémoire en prose], présentée dans l’espace parisien de la Fondation H, est le fruit d’une résidence de quatre mois où durant laquelle l’artiste s’est plongée dans des recherches d’archives et des expérimentations techniques, éléments essentiels de sa démarche artistique.
«J’adore expérimenter. C’est en explorant l’inconnu que je découvre de nouvelles choses, ce processus est au cœur de mon travail.»
Son projet inédit, développé au cours de cette résidence de création, puise dans l’exploration des mémoires collectives et des constructions identitaires universelles, avec en filigrane, une dimension postcoloniale. Le titre de l’exposition, issu du vocable Fon, Tàn xó, signifie «une question de mémoire», et ancre ce nouveau travail dans une démarche à la fois personnelle et culturelle, tout en incitant à une réflexion sur les rapports que nous entretenons avec notre environnement naturel.
Ainsi, le visiteur pénètre dans un espace suspendu, hors du temps, hors de toute géographie. À l’entrée, un voile transparent laisse entrevoir l’installation, sans rien dévoiler encore. Une invitation implicite flotte dans l’air, comme un murmure silencieux : il faut se déchausser. Pieds nus, le visiteur franchit la frontière invisible entre l’extérieur et cet ailleurs, un espace fictif que l’artiste nomme ARKHéENI. Sous ses pieds, le sable granuleux du sous-sol devient un terrain de sensations.
À chaque pas, la texture du sol l’ancre un peu plus dans cet univers inconnu, tandis que la lumière vacillante des bougies découpe des ombres sur les murs assombris, créant une atmosphère quasi sacrée. Le regard du visiteur se pose à présent sur une phrase gravée sur le mur : «Que laisseras-tu de toi ?». L’artiste apostrophe le visiteur et l’invite à répondre, non pas avec des mots précipités ou des réponses définitives, mais elle cherche plutôt à déclencher chez lui une réflexion profonde, intime, l’esquisse pourquoi pas, d’un début de réponse, une première trace. »
– Nadine HOUNKPATIN, Extrait du texte curatorial de l’exposition

Xógbé, Le Centre, Abomey-Calavi, 2022.
« Nos langues contiennent nos mémoires. Elles sont les clés d’ouverture de nos traditions.
Par la parole, elles nous ouvrent l’univers d’un monde passé où nous retrouvons nos origines.» _ Sènami Donoumassou
Xógbé signifie « le verbe » en fongbé.
Sènami Donoumassou explore, dans cette exposition, des fragments de notre patrimoine culturel immatériel en portant son attention, notamment, sur les panégyriques claniques (Akɔ mlă mlă), les littératures du Fà (Fà gbésisà – Fàgléta – Fàhan), les proverbes (Lõ) et les contes (Hwenuxó). Dans un même mouvement, elle fait dialoguer religions traditionnelles et religions importées, qui coexistent au quotidien, à travers des propositions artistiques gravitant autour des mancies, des prières et de nos rapports aux morts.
En filigrane, Sènami Donoumassou aborde la notion de traduction et interroge la place de l’oralité dans nos traditions et notre société contemporaine. Elle met également en lumière, les intraduisibles, ces mots qu’il est impossible de traduire et d’interpréter.
Sènami Donoumassou donne corps, plastiquement, à ce qui n’est pas matière, comme voie possible de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui s’érige comme l’une des plus grandes richesses du Bénin. Cette exposition fait suite à de longs mois de recherches auprès de personnes-ressources, sages et sachants. Les savoirs recueillis ont été la matière principale de ce travail. Exposition quasiment manifeste, l’artiste affirme de manière indéfectible la nécessité de protéger et sauvegarder les fondements de notre identité collective et personnelle.








Chimie des traces, Institut Français, Cotonou, 2019.


